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Assises : un père incestueux à la barre


PAPEETE, le 4 décembre 2017 - Un père de famille de 49 ans comparaissait ce lundi devant la cour d’assises pour des viols commis sur sa fille et sur sa nièce. Durant les premières heures de ce procès qui doit durer deux jours, l’homme a reconnu l’intégralité des faits les plus graves. Il encourt jusqu’à vingt ans de réclusion.

La deuxième affaire de cette dernière session d’assises pour l’année 2017 a été jugée à huis-clos partiel. Un individu de 49 devait répondre de « viol aggravé, agression sexuelle aggravée » et « corruption de mineur ». Il était reproché à l’accusé de s’être livré à ces actes de viol sur sa nièce entre 2010 et 2011, et sur sa propre fille entre 2014 et 2015. Cette dernière, alors âgée de 7 ans, avait dénoncé les sévices, déclenchant ainsi l’ouverture d’une enquête. L’accusé était également poursuivi pour des agressions sexuelles sur une autre de ses nièces, âgée de 14 ans, qui était absente lors de l’audience.


Enfance perturbée

Ce lundi, l’audience a débuté par l’étude du parcours de l’accusé. Né en 1975, l’homme a grandi dans une fratrie de 11 enfants sous la coupe d’un père alcoolique et particulièrement violent. Face au président de la cour d’assises, l’accusé a expliqué qu’il avait lui-même été violé par l’un de ses oncles et qu’il avait tenté de se suicider à l’âge de 9 ans en ingurgitant du désherbant. Placé en foyer de ses 10 ans à sa majorité, l’homme est ensuite devenu agriculteur et s’est mis en concubinage avec une femme avec laquelle il a eu 5 enfants, dont la petite fille victime des abus. Après la séparation du couple, les enfants ainsi que les cousines avaient été placés chez l’accusé, de manière permanente ou pour les vacances. Toute la famille dormait dans l’une des seules pièces de la modeste maison. C’est à cet endroit que l’homme commettait la plupart des sévices, emmenant parfois les petites dans un champ ou dans sa voiture pour y effectuer des actes pédophiles que la décence ne permet pas de rapporter. L’accusé avait même fait des photos à caractère pédopornographique pour pouvoir se masturber devant les clichés. En 1998, l’homme avait déjà été condamné à de la prison ferme pour des faits similaires.

Auditions des victimes

Le gynécologue qui s’est, ensuite, présenté devant la cour d’assises, a évoqué les examens pratiqués sur la fille de l’accusé : « même pour moi qui suis médecin, il était très délicat d’examiner cette petite fille pour ne pas rajouter à son traumatisme. » Le praticien a indiqué que l’enfant n’avait plus d’hymen, confirmant la répétition des actes commis par son père.

Après l’audition du médecin, la fille biologique de l’accusée, aujourd’hui âgée de 10 ans, s’est courageusement avancée à la barre. Avec ses mots d’enfant, la victime a évoqué son père, « il est violent et nous tape avec des bouts de bois. » La petite a réitéré les accusations de viol. Face à ces propos, l’accusé a tenté de s’expliquer : « elle est très courageuse de lui dire que je lui ai fait du mal. Les faits dont elle parle sont vrais. Cela a commencé quand je me suis séparé de ma compagne (…) Ce sont des pulsions qui m’ont poussé à faire ça. »

En pleurs, la seconde victime, nièce de l’accusé, a relaté des faits datant de 2011 en entamant son récit par un souffle de colère : « ce qu’il a fait sur moi, c’est dégueulasse. » A l’époque, l’enfant, âgé de 8 ans, passait ses vacances au domicile de son oncle qui la violait et la prenait en photo dans des positions obscènes en échange de petites sommes d’argent. Très éprouvée lors de l’audience, l’adolescente a évoqué sa souffrance : « je voudrais oublier mais je n’y arrive pas. »

L’audition de la mère de la victime, et compagne de l’accusé, était très attendue. Elle a eu lieu en fin de journée et c’est une femme en sanglots qui a répondu aux questions du président. Précisons que, depuis le début de l’affaire, la mère de famille s’est remise en concubinage avec l’accusé. Après de longs silences, elle a admis avoir été au courant des relations entre son conjoint et ses deux nièces et a reconnu qu’elle avait gardé le silence. Elle avait, en revanche, tenu compte des sévices commis sur sa fille puisque c’est elle qui avait porté plainte à la gendarmerie. A la barre, la mère de la victime a nié les violences conjugales pour lesquelles elle avait pourtant été évasanée. Lorsque l’avocat général a évoqué la sortie de prison de l’accusé et leur retour à la vie commune, la femme a déclaré qu’elle « aimait son mari » et qu’elle lui avait pardonné. Durant son audition, la mère de famille a semblé partagée entre un intérêt sincère pour les victimes et la pérennité incompréhensible de l’attachement qu’elle porte au père de ses enfants.

Le procès recommencera ce mardi matin. Cette première journée aura tout de même soulevé un questionnement puisqu’il a été établi que l’accusé, malgré ses 10 condamnations dont une pour des faits similaires en 1998, avait été désigné par les services sociaux comme famille d’accueil.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 4 Décembre 2017 à 17:10 | Lu 2396 fois